Aspects historique et symbolique
Dans notre Comté, il a toujours été d’usage d’entourer les villages ou les villes de chapelles dédiées à un Saint protecteur contre les épidémies (Saint Sébastien, Saint Michel…) ou à la Sainte Vierge Marie. Ces chapelles étaient édifiées sur les chemins à l’endroit exact où l’on pouvait voir l’église du village ou de la ville pour la première ou dernière fois. Ainsi à Bon Voyage, nous sommes à l’endroit exact où l’on peut voir Sainte Réparate en suivant le chemin des bords du Paillon. Ce lieu est situé sur une des routes du sel puis sur la « Strada Reale » Nice Turin.
Cette Chapelle, datée 1727 dans sa version actuelle, fait partie de la mémoire de notre Comté, puisqu’elle était le dernier lieu où les voyageurs se recueillaient et se mettaient sous la protection de la Sainte Vierge avant d’entreprendre leur périlleux voyage vers Turin capitale des Etats de Savoie dont faisait partie le Comté de Nice. C’est jusqu’à cette chapelle que les consuls de Nice accompagnaient les princes de Savoie qui retournaient à Turin. Sur cette route, essentiellement empruntée pour le commerce à cette époque, on pouvait compter plus de 30 000 mulets par an. Cette chapelle représente donc un symbole très important : elle est le point de départ de la fameuse Route Royale(en italien Strada Reale). A l’époque, celle-ci longeait la Vallée du Paillon, traversait L’Escarène, empruntait le col de Braus, Sospel dans la vallée de la Bévéra et continuait par le col de Brouis pour rejoindre la vallée de la Roya et remontait par le col de Tende vers le Piémont. Inutile de dire que tous les voyageurs ne sortaient pas indemnes de ce long et périlleux voyage.
Aspects architecturaux
Durant les travaux de restauration, nous avons découvert la chapelle du XVIIème siècle détruite au niveau des fenêtres sous celle du XVIIIème siècle.
Nous avons tout fait pour rendre à l’édifice son aspect originel du début du XVIIIe siècle.Les carreaux du sol en terre cuite sont identiques à ceux que nous avons découverts sous le carrelage des années 1930.
Nous avons déposé l’ancienne toiture et l’avons reprise entièrement avec une nouvelle armature en bois, de nouvelles tuiles rondes et reconstitué la voûte.
Les travaux, supervisés par Monsieur Antoine GRISI, architecte adjoint des Bâtiments de France (monuments historiques) et réalisés par des entreprises agréées Monuments Historiques ont commencé au début de l’année 2007.
Ils sont aujourd’hui achevés.
« Tout a été refait à l’identique : le sol en terre cuite, les murs à la chaux. Et bien sûr l’autel, exemple de l’art baroque dans le Comté de Nice ». À terme, l’objectif est de classer le bâtiment à l’inventaire des monuments historiques et d’organiser des expositions et diverses animations….. La demande en a été faite par notre Fédération auprès des Services Culturels de l’Etat (DRAC).
Une cloche traditionnelle en airain couronne à six anses, ornée d’une Vierge d’un côté avec les inscriptions en niçois de Notre Dame du Bon Voyage et de l’autre côté le blason de Nice, a été fondue par les Ateliers Brian qui nous ont offert la gravure de la Vierge. Grâce à un système de sonnerie automatique, cette cloche sonne toutes les heures entre 9h et 21h.
Monsieur Jacques GIUSTO, un menuisier de Tende, membre de la confrérie de la Saint Eloi de Tende (patron des muletiers et charretiers) a tenu à fabriquer gratuitement une nouvelle porte double battant en bois de chêne, modèle unique réalisé spécialement pour la chapelle.
La croix en fer martelé à l’ancienne et la Vierge que l’on voit sur la façade nous ont également été offertes par Monsieur NATIVEL ferronnier de Tourette Levens.
Le comité de quartier Richelmi, représenté par son Président Monsieur CAMOS, a fait don de plusieurs objets religieux : chandeliers, pupitre en bois, Christ.
Sur le côté de la Chapelle, nous trouvons deux éléments remarquables : la borne frontière communale délimitant Eze et Nice et le canal des Moulins aujourd’hui bouché, que nous avons découvert en enlevant un tas de monticules de terre et de pierre : canal de la plaine agricole de Riquier, mentionné dans le cadastre de 1812 et 1873 ; il prenait sa source dans le Paillon et descendait jusqu’au niveau de la manufacture de tabac rue Barla.
Aspects financiers : financeurs : Conseil Départemental, Ministère de la Culture (DRAC), Région PACA, Ville de Nice, Direction Régionale des Monuments Historiques, Crédit Agricole, Dons (les habitants de la Ville ont très largement participé à la souscription publique), Fédération des associations du Comté de Nice.
Un grand merci à tous ceux qui ont permis de mener à bien ce projet !